Où comment le design industriel rencontre
une peinture de Vincent Van Gogh

Je suis ravi de vous dévoiler aujourd’hui l’aboutissement d’un travail débuté il y a 2 ans.
« Vincent, Willy et moi » est une peinture sculpturale monumentale de 4,3 mètres de hauteur, 3,4 mètres de largeur et 1,5 mètre de profondeur.
Cette pièce-hommage est le résultat d’une fusion entre la peinture d’un artiste mondialement reconnu, « Les tournesols » de Vincent Van Gogh et les jardinières, aujourd’hui iconiques, d’un designer industriel pionnier, Willy Guhl. Deux créateurs dont j’admire le travail.
Au travers de cette pièce, j’ai voulu donner corps au bouquet de tournesols de Van Gogh en lui ajoutant une troisième dimension et une monumentalité. C’est la forme en corolle des jardinières de Willy Guhl qui m’a inspiré le lien avec le tableau. Les versions « Oreille d’éléphant » et « Mouchoir » m’ont servi de masters pour la réalisation des moules et ont guidé, de fait, la monumentalité de l’œuvre finale.

Une présentation au public prévue cet été !

Si la pièce est actuellement conservée au sein de mon atelier, je suis heureux de vous annoncer qu’elle sera dévoilée au public cet été et pendant plus de deux mois sur le Bassin d’Arcachon dans le cadre d’un événement plus large qui m’est consacré et que je ne manquerai pas de vous présenter prochainement.

En attendant, je vous fais entrer dans les coulisses de la conceptions de cette œuvre ; du défi technique qu’elle représente à ma volonté de produire une pièce hommage, en passant par les enjeux esthétiques qui ont été les miens durant cette création.

Genèse d’une idée, 3 siècles d’histoire de l’art

20e siècle, Willy Guhl et ses jardinières

Amoureux de design et collectionneur, je suis à l’affût de pièces majeures. Mes recherches m’amènent à découvrir le travail du créateur suisse Willy Guhl et en particulier sa série de jardinières moulées. Je me retrouve dans ce designer industriel qui explore comme moi le moulage. C’est décidé, je part en quête de ces jardinières et acquierts 2 « Oreilles d’éléphant » (50 x 50 x 20 cm et 80 x 80 x 33 cm) et 1 « Mouchoir » (70 x 70 x 34 cm). Une fois ces pièces à l’atelier, je les touche et observe longuement leur forme en corolle. Mon esprit fait alors le lien avec une toile d’un artiste que j’affectionne particulièrement : « Les tournesols » de Vincent Van Gogh.

Willy Guhl à droite à l’atelier en train de former une jardinière avec son équipe

19e sicèle, Vincent Van Gogh et ses tournesols

Si je perçois une forme de mélancolie parcourir les toiles du peintre, je constate aussi de sa capacité à la contrebalancer en faisant de la couleur et de la lumière — capturée dans sa touche si singulière — des moyens d’insinuer une sensation d’allégresse. C’est ce qui se joue dans la série des tournesols débutée en 1888 et particulièrement dans la version conservée au Van Gogh Museum à Amsterdam. Les fleurs sont peintes dans des teintes proches du marron, mais rehaussées par un fond quasiment doré et une touche épaisse qui permet à la lumière de s’y accrocher donnant une impression d’éclat ou de scintillement. Vincent van Gogh est d’ailleurs considéré comme le pionnier dans l’ « impasto » ou « technique d’empâtement ».

 

 

 

 

 

« Les tournesols », huile sur toile, 95 x 73 cm, 1889, Vincent Van Gogh

21e siècle, mes objets moulés et peints

Souhaitant fédérer par mon travail, je me sers de la citation d’objets pour emporter avec moi le spectateur qui va parvenir à identifier la référence (comme ici pour les tournesols). Loin d’être nostalgique, je m’appuie sur un passé pour l’enrichir au présent. En moulant des pièces design avec leurs imperfections (rayures, éclats),  j’intègre leurs premières vies à un présent dans une forme de continuité historique. L’objet obtenu est comme la fusion d’un passé et d’un présent. 
Les jardinières d’un designer innovant d’un côté, une toile de maître qui me fascine de l’autre et je vois poindre l’idée qui mettra en œuvre l’ensemble des pratiques que j’affectionne : le moulage d’objets vintages en leur apportant une dimension picturale par l’emploi d’une matière épaisse qui n’est pas de la peinture. Les dimensions des jardinières vont déterminer les proportions et donc l’échelle de la pièce. 

3 jardinières de Willy Guhl, gauche et au centre « Oreille d’éléphant », à droite « Mouchoir »

Un hommage monumental

Du volume dans la touche

L’idée de faire d’une peinture de Van Gogh une sculpture me transporte littéralement, car elle va me permettre de donner au public la mesure de la picturalité sculpturale à l’œuvre dans les toiles du peintre. L’artiste est reconnu pour son traitement singulier de la touche, un empâtement nommé impasto qui laisse visibles les coups de pinceau et qui, dans le relief, capte la lumière. De sorte qu’un tableau de Van Gogh ne se lit pas de la même façon selon l’éclairage. Ainsi, une touche faisant 2 millimètres d’épaisseur dans « Les tournesols », devient un empâtement de près de 2 centimètres dans « Vincent, Willy et moi ». C’est un peu comme si je grossissais l’impact de la lumière sur la toile pour montrer à quel point celle-ci est constitutive du tableau au même titre que la couleur.

 

 

 

 

 

 

Détail de la touche empâtée de l’artiste sur l’un des tournesols

Une peinture sculpturale

En analysant le bouquet, je m’aperçois que celui-ci a été composé par le peintre en pensant à la posture frontale du spectateur face à un tableau ; agençant chaque tournesol de face, de 3/4 ou de profil, mais jamais de dos. Il en résulte une composition quasiment plate renforcée par le cerne qui définit les contours du vase et l’absence d’un jeu d’ombre et de lumière sur celui-ci pour simuler le volume (comme dans d’autres compositions). Seule la démarcation bleutée en courbe au-dessus de la signature permet d’imaginer une jarre en rond de bosse. Cette scénographie fait de cette composition florale non plus un bouquet traditionnel, mais la prépare au basculement vers la deuxième dimension, la peinture, et en cela, à devenir un motif.

 

 

 

 

 

 

 

Vue sur le cerne marron qui accentue l’effet plat du vase en réalité rond

Splendeur de la monumentalité

Les jardinières de Willy Guhl ont été l’étalon pour donner l’envergure de cette pièce. Dépassant largement l’échelle humaine, que le spectateur la regarde à hauteur d’yeux ou en se positionnant à ses pieds, il ne peut que se sentir dépassé par la grandiosité de ces tournesols à la picturalité réjouissante. Il prend enfin la mesure de la puissance de cette touche qui embrasse la lumière et modifie les teintes au fil du jour. 
En choisissant de donner une envergure monumentale à ce chef-d’œuvre — dont la popularité à travers le monde est incommensurable — je souhaite apporter deux choses essentielles au spectateur : révéler ma façon d’estimer le travail du peintre et notamment son traitement de la touche ; et proposer une œuvre rayonnante inattendue dans un espace public, déclenchant sourire et écarquillement des yeux. Gaies, ludiques, fédératrices sont des adjectifs qui caractérisent mes œuvres.

Une œuvre entre art, artisanat et techniques industrielles

Table de recherche, esquisses et dessins techniques

Je fais partie des  artistes qui réalisent tous les aspects de la création : de l’idée à la fabrication. Pour ce qui est de « Vincent, Willy et moi », l’artistique est présent à la naissance du concept, lors de la composition du bouquet et au moment de la mise en peinture pour obtenir l’effet pictural souhaité. Je me sers des techniques industrielles de moulage (à la chaîne) appliquées de façon artisanale (autrement dit à la main) pour mettre en forme mon idée. Cela me permet de maîtriser tous les aspects de mon œuvre et d’en dépasser les limites (notamment les propriétés techniques des matériaux).

J’ai pensé cette pièce, je l’ai dessinée, je l’ai construite, à tout moment l’artiste à côtoyé l’artisan. L’artiste réfléchis, il pense, il dessine, il sculpte des petites jardinières qu’il passe à l’artisan pour les mouler ; l’artisan les assemble sous l’œil de l’artiste et ce dernier les peint. C’est l’artiste qui valide la maquette. »

Cuvettes contenant les couleurs gelcoat des tournesols

Découvrir la présentation complète de « Vincent, Willy et moi »

Dans le cadre de la diffusion de cette œuvre monumentale, un dossier de présentation a été constitué, je le partage ici avec vous et me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions. À noter que cette œuvre à vocation à voyager, j’ai le désir de la partager avec le plus grand nombre, aussi n’hésitez pas à me contacter pour envisager son itinérance !