Installation
Que ce soit par la peinture qui se développe en trois dimensions, au travers d’objets mobiliers ou de structure monumentale, l’artiste pense systématiquement l’espace au sein duquel ses œuvres se déploient. Il aime générer un déplacement du spectateur le faisant ainsi partie prenante de ses productions. Ce dernier est amené à changer régulièrement de point de vue pour observer toutes les facettes de la pièce à laquelle il fait face.
Ses projets les plus ambitieux (du point de vue de leurs dimensions) pensés pour l’espace urbain, questionnent l’échelle entendue d’une sculpture et pénétrent ainsi le champ de l’architecture. Implantées dans le domaine public, ces œuvres monumentales redéfinissent la circulation habituelle d’un lieu, offrant dans le même temps un nouveau regard à une place, une esplanade ou encore à un parvis.
100 dont 1
Cette installation dissimule une énigme qui stimule la qualité d’observation du spectateur. Le titre donne une première indication. La pièce se présente sous la forme d’un jeu composé de 100 toiles dont deux sont strictement identiques. Il revient au regardeur de trouver cette paire. Une fois identifiée, le visiteur doit encore déterminer laquelle des deux est la toile originale et l’autre sa réplique obtenue par moulage de la première. Le doute s’insinue alors dans son esprit tant la fidélité est troublante. Le plasticien questionne ainsi la notion de multiple et sa valeur esthétique vis à vis de la pièce originelle.
Dans sa recherche, le spectateur est embarqué dans un nuancier géant (les couleurs sont volontairement issues du commerce), devant parcourir de long en large ces 7,2 mètres pour scruter chaque teinte du regard. Il appréciera ainsi le jeu de textures obtenu dans l’épaisseur de la matière que l’artiste aime à travailler. Le nuancier est une forme récurrente dans la production de Bruno Bossut, c’est une manière pour lui de faire la part belle à l’éclatement des couleurs, de proposer des installations apportant lumière et gaieté à un espace.
« 100 dont 1 » ne se relève totalement que dans l’implication du spectateur qui se met littéralement en mouvement pour percer son secret.
100 dont 1, 99 toiles toutes différentes de format 40 x 30 cm en résine polyester blanche, moulage de l’une d’entre elle en polyester armée de fibre de verre, les 100 toiles ainsi obtenues sont peintes à la bombe dans environ 80 nuances, 240 x 720 cm, 2023.
Parcours d’une toile
Cette installation bénéficie d’une double lecture. La première — de droite à gauche, dans un mouvement ascendant — témoigne de la recherche de l’artiste face à sa création : des esquisses insatisfaisantes sont froissées et jetées au sol. Puis, petit à petit contours, lignes et couleurs s’affirment jusqu’à former un nuancier qui se cristallise dans la répétition de la même surface.
La seconde — de gauche à droite, dans un mouvement descendant — montre les déformations que subit une toile (plane par essence) pour prendre du volume, quitter le mur et finalement se retrouver au sol, laissant présager son devenir de sculpture.
Parcours d’une toile est une œuvre particulièrement représentative du travail de l’artiste, car elle condense plusieurs de ses recherches : l’introduction du mouvement dans un objet normalement figé, le passage de la 2D à la 3D de ce même objet, l’usage de la réplique comme mode de production au service de déclinaisons de couleurs, et finalement l’implication du regardeur qui active l’ensemble de l’œuvre par ses déplacements pour déceler les différents points de vue pensés par le plasticien.
Parcours d’une toile, toile de 43 × 36 cm peinte au gel-coat, moulage en silicone de la toile, tirage de 19 répliques en résine polyester armée de fibre à partir du moule avec ou non déformation de ce dernier, peinture acrylique, 290 × 250 cm, 2018.
Chaise toile
Chaise toile, toile peinte avec résine polyester, 100 x 100 cm, chaise Bofinger recouverte de résine polyester, 78 x 50 x 50 cm, installation178 x 100 x 50 cm, 2012.
901 511 010 24 / BA 1171
Cette installation reflète trois pans de la vie de l’artiste : son enfance dans l’usine textile de ses parents, sa première carrière dans le milieu automobile et enfin sa recherche plastique sur le mobilier design des années 60/70. Le titre de cette pièce correspond à deux références ; celle du capot d’une Porsche datant de 1966 et celle de l’emblématique première chaise moulée en monobloc — Bofinger, elle aussi de 1966. C’est l’application méthodique d’un traitement pictural identique sur les 2 surfaces — pose à
la brosse d’un motif par touches croisées — qui parvient à entremêler les deux objets. Reprenant le principe de la trame et de la chaîne du tissage d’un textile, le plasticien s’emploie à brouiller les limites de la chaise, de sorte à perturber notre lecture de l’installation devenue sculpture par fusion visuelle. Seul le verso noir d’un pied nous donne une indication de volume, nous permet de penser l’objet et de sortir de l’effet trompe-l’œil.
901 511 010 24 / BA 1171, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’un capot de Porsche et d’une chaise Bofinger, application à la brosse des couleurs dans la masse, 110 × 78 × 150 cm, 2015.