Mouler et peindre des objets
Collectionneur passionné de design mobilier et en particulier de pièces issues des années 60 et 70, Bruno Bossut se saisit de meubles emblématiques pour en créer des répliques par moulage à partir de l’original figurant à sa collection. Cette réplique est enrichie d’une dimension picturale puisque l’artiste applique des couleurs dans la masse à la manière du peintre sur sa toile. Tantôt par dripping, tantôt par coups de brosse, les couleurs fusent et sont réparties de façon à souligner les lignes d’une assise (qu’elle soit chaise ou fauteuil), ou encore d’une table basse. Ces objets, en plus d’occuper une fonction utilitaire, deviennent des surfaces de contemplation.
Amoureux d’automobile, il lui arrive également de faire d’une pièce de carrosserie une toile en volume selon la même technique de moulage d’après l’objet réel.
Bofinger
Bofinger, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’une chaise Bofinger, application des couleurs dans la masse, 78 x 50 x 50 cm, 2008.
Eames – La chaise 005, Nuit étoilée
Eames – La chaisse 005, Nuit étoilée, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’une chaise Eames, application des couleurs dans la masse, 160 × 78 × 85 cm, 2023.
Eames – La chaise 004
Conservant la couleur historique de la chaise Eames, le fond blanc permet à Bruno Bossut de considérer la pièce comme la surface d’une toile. Il fait de cette réplique une œuvre unique en composant une véritable peinture dans les profondeurs de la matière. Les couleurs (noir, nuances de gris et jaune) sont posées par dripping et de sorte à donner la sensation qu’elles jaillissent du trou. La gestuelle associée à la densité de la peinture viennent soute- nir les courbes de l’assise, se concentrant dans les creux et se faisant plus légères vers les extrémités.
Si les pieds d’origine sont reproduits à l’identique, ils sont traités de façon à disparaître visuellement à la manière d’une ombre : choix d’un métal noir plutôt que du bois naturel. L’idée étant de donner l’illusion que l’assise flotte dans l’espace.
Une fois encore, l’artiste brouille les frontières entre objet utilitaire et espace de contemplation.
La chaise 004 – Eames, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’une chaise Eames, application des couleurs dans la masse par dripping, 160 × 78 × 85 cm, 2019.
Fauteuil
Fauteuil – Boule R3, moulage en résine polyester armée de fibre de verre, couleurs dans la masse par dripping, 100 × 100 × 54 cm, 2021.
Chacun sa place
Chacun sa place est issue d’une volonté de créer une pièce majeure constituée de plusieurs meubles design mis en relation par le dessin. Chaque élément est constitutif du tout, ils s’assemblent les uns aux autres tel un puzzle dont il faut retrouver la bonne composition.
Inspiré de la BD, l’artiste interprète l’usage d’aplats colorés cernés d’un trait noir se laissant parfois débordé par la couleur. Ici jaune, vert, bleu, rouge sont complètement libérés du cerne qui se balade sur la surface de ces coups de brosse teintés à la fois dynamiques et légers, sautant d’un fauteuil à la table.
Le fond laissé blanc n’est pas sans rappeler l’étendue de la toile, comme si la peinture de celle-ci avait glissé sur l’objet. Le verso des sièges, un gris carbone, redessine contours et volumes des assises, affirmant ainsi la transversalité de l’objet comme espace pictural doté d’une fonction.
Chacun sa place, moulage de 5 éléments, dont 4 chaises design de Luigi Colani, en résine polyester armée de fibre de verre et application à la brosse des couleurs dans la masse, 250 × 150 × 63 cm, 2021.
Zublena
Zublena, moulage en résine polyester armée de fibre de verre, couleurs dans la masse par dripping, 160 × 60 × 30 cm, 2014.
Eames – La chaise 001
Eames – La chaise 001, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’une chaise Eames, application des couleurs dans la masse par dripping, 160 × 78 × 85 cm, 2015.
Vitesse
Vitesse, moulage en résine polyester armée de fibre de verre d’une aile avant d’une Porsche 911, application des couleurs dans la masse, 160 × 70 × 35 cm, 2015.