Déformer des objets

Nous reconnaissons un miroir de type Napoléon III avec toutes les imperfections liées à son âge, sans qu’il ne soit réellement ce miroir. L’artiste parvient à produire l’impossible : créer une parfaite réplique pourtant radicalement différente tant sa surface a été malmenée. Il donne l’illusion que le verre n’est pas une matière plate, lisse et cassante, mais molle et résiliente. De sorte que la fonction initiale de l’objet — renvoyer une image fidèle du réel — est elle aussi contrariée. Si nous livrons bien notre vrai visage à ce miroir, ce dernier nous renvoie tout autre chose. Il crée sa propre réalité, se jouant de nous s’activant devant cet espace montagneux pour scruter ce qu’il a à nous dire. On pense alors à une phrase de Sacha Guitry dans Toutes réflexions faites (1947) : « Elle est si parfaitement laide qu’elle devient vraiment jolie dans son miroir déformant. » Bruno Bossut nous fait basculer dans un monde où les limites du nôtre sont franchies, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives.

Grand miroir
Miroir oh miroir
Miroir
Oup’s