J-7 avant l’ouverture de l’exposition
« Détournement pictural »
Exposition : Médiathèque de Petit Piquey | Lège-Cap Ferret
Œuvre en plein air : Avenue du Général de Gaulle | Claouey
13 juillet → 21 septembre 2024
Vernissage → 13 juillet 2024 – 12 h
Nous voilà à quelques jours de l’ouverture de mon exposition personnelle, l’occasion pour moi de vous dévoiler la façon dont nous avons imaginé la scénographie avec la galeriste Virginie Baro.
Dans mon travail, je questionne les frontières entre les médiums, titille le seuil entre la deuxième dimension et le volume, déplace la fonctionnalité d’un objet, fusionne passé et présent, perturbe les propriétés d’une matière par l’illusion, rend possible l’impossible et ainsi projette le spectateur dans une nouvelle réalité qui offre des perspectives réjouissantes où la limite n’a plus sa place. Détourner devient alors une posture qui permet de poser un regard neuf sur les choses qui nous entourent et de leur adjoindre une touche d’humour, un caractère insolite et inattendu.
Le détournement comme moteur d’une production plastique
Une exposition monographique déclinée en 5 séries
Sculpter la peinture
Ici, le châssis d’une toile semble s’être contorsionné pour que cette dernière puisse se draper d’un mouvement, tel un coup de vent qui aurait plissé la surface. Une peinture pénètre alors la troisième dimension. Ce mouvement est appuyé par la lumière venant se nicher dans l’empâtement des coups de brosse généreux. Je m’obstine à relever le défi de l’impossible en faisant de la peinture un objet sculptural. Je vois dans cette gageure une source de créativité. Ce tour de force est mis en œuvre grâce à la déformation d’un moule en silicone réalisé à partir d’une véritable toile peinte.
Le spectateur n’adopte plus une posture frontale face au sujet, mais se met en mouvement pour déceler les contours de cette sculpture-peinture.
→ Dans le vent, moulage silicone déformation du moule et tirage en résine polyester armée de fibre de verre, peinture effet chrome 100 × 80 × 20 cm, 2017.
Déformer des objets
Nous identifions un miroir de l’époque Napoléon III — encadré d’une moulure de bois doré — mais celui-ci a subi une déformation qui n’a pas pour autant brisé le verre. La surface réfléchissante miroite et ondule faisant de notre reflet le reflet de sa propre déformation. Je donne ici l’illusion que le verre n’est pas une matière plate, lisse et cassante, mais molle et résiliente. la fonction initiale de l’objet — renvoyer une image fidèle du réel — est, elle aussi, contrariée. En nous renvoyant un reflet différent du réel, l’objet crée sa propre réalité. J’ai a en tête une phrase de Sacha Guitry dans « Toutes réflexions faites » (1947) : « Elle est si parfaitement laide qu’elle devient vraiment jolie dans son miroir déformant. » Je tente de nous fait basculer dans un monde où les limites du nôtre sont franchies, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives.
Oups, moulage silicone déformation du moule et tirage en résine polyester armée de fibre de verre, peinture effet chrome 80 × 84 × 58 cm, 2021.
Mouler et peindre des objets
Collectionneur passionné de design mobilier et en particulier de pièces issues des années 60 et 70, je me saisis de meubles emblématiques pour en créer des répliques par moulage à partir de l’original figurant à ma collection. Cette réplique est enrichie d’une dimension picturale puisque j’applique des couleurs dans la masse à la manière du peintre sur sa toile. Tantôt par dripping, tantôt par coups de brosse, les couleurs fusent et sont réparties de façon à souligner les lignes d’une assise (qu’elle soit chaise ou fauteuil), ou encore d’une table basse. Ces objets, en plus d’occuper une fonction utilitaire, deviennent des surfaces de contemplation.
Amoureux d’automobile, il m’arrive également de faire d’une pièce de carrosserie une toile en volume selon la même technique de moulage d’après l’objet réel.
Installation
Bien souvent, les pièces que je pense engagent physiquement le regardeur. Ce peut être par la multiplication d’éléments sur un plan vertical qui occupent l’espace et induit un déplacement du spectateur pour que ce dernier puisse embrasser l’entièreté de l’œuvre. Ou bien par l’association de deux éléments — l’un mural, l’autre posé au sol, comme une toile dont la peinture aurait coulé sur une chaise se parant du motif de celle-ci. Les notions d’espace et de circulation font partie des mes réflexions.
100 dont 1, 99 toiles toutes différentes de format 40 x 30 cm en résine polyester blanche, moulage de l’une d’entre elle en polyester armée de fibre de verre, les 100 toiles ainsi obtenues sont peintes à la bombe dans environ 80 nuances, 240 x 720 cm, 2023.
Sculpture monumentale
Je cherche à impacter le spectateur par un changement d’échelle qui le place dans une réalité proche de celle d’un enfant évoluant dans un monde aux dimensions d’un adulte. Nous retrouvons cette sensation liée à la perception d’une chose extraordinaire ; fascinés à la fois par une taille hors norme et une prouesse technique, désireux de comprendre comment cela est possible. Et en effet, je suis est porté par le défi technique que représente la réalisation de telles pièces. Si l’idée peut sembler irréalisable, je n’ai de cesse de trouver les solutions sans jamais déroger à ma pensée initiale. Car c’est dans la démesure de l’idée que se joue une partie des enjeux esthétiques ; en cela, la technique tient une place équivalente dans la création.
En plaçant ce type d’œuvres dans l’espace public, j’en modifie son appréhension et nous force à regarder à nouveau notre environnement. On lève la tête pour embrasser la pièce et d’un coup, le ciel, le soleil font partie de notre paysage. Le majestueux, le singulier s’introduisent dans notre panorama quotidien.
L’équilibre des couleurs, moulage de quatre chaises BA 1171 Bofinger en résine polyester armée de fibre de verre, de kevlar et de carbone, 390 x 90 x 90 cm, 2020.
La divulgation en avant-première de la pièce monumentale « Vincent, Willy et moi »
Une sculpture monumentale installée à Claouay, avenue du Général de Gaulle
Vincent, Willy et moi » est une peinture sculpturale monumentale de 4,3 mètres de hauteur, 3,4 mètres de largeur et 1,5 mètre de profondeur, faisant 320 kg. Sa structure est réalisée en kevlar et en carbone associés à des sections en acier et inox. L’ensemble est recouvert d’une résine polyester armée de fibre de verre et peinte à base de cette même résine colorée.
Cette pièce-hommage est le résultat d’une fusion entre la peinture d’un artiste mondialement reconnu — Les tournesols de Vincent Van Gogh et les jardinières, aujourd’hui iconiques, d’un designer industriel pionnier — Willy Guhl. Je donne ici corps au bouquet de tournesols de Van Gogh en lui ajoutant une troisième dimension et une monumentalité. C’est la forme en corolle des jardinières de Willy Guhl qui m’a inspiré le lien avec le tableau. Les versions Oreille d’éléphant (dans 2 tailles) et Mouchoir (dans une taille) m’ont servi de masters pour la réalisation des moules et ont guidé, de fait, la monumentalité de l’œuvre finale.
Vincent, Willy et moi, kevlar, carbone, acier, inox, résine polyester armée de fibre de verre, peinture polyester armée de fibre de verre, 430 x 340 x 150 cm, 320 kg, 2023.
Passionné par la peinture de Vincent Van Gogh et notamment de son « impasto », j’ai souhaité révéler ce travail de la matière par un jeu de changement d’échelle, vers un grossissement à l’extrême de la touche. Je montre ainsi à quel point la lumière est constitutive de la toile en se logeant dans les creux et bosses de la peinture. Par ailleurs, j’ai bien noté que le peintre avait construit son bouquet pour une lecture frontale de celui-ci, agençant les tournesols de face, de 3/4 ou de profil, mais jamais de dos. Il en résulte une composition quasiment plate renforcée par le cerne qui définit les contours du vase et l’absence d’un jeu d’ombre et de lumière sur celui-ci pour simuler le volume. J’adopte donc le point de vue frontal de Van Gogh en travaillant le volume selon un angle de vue idéal pour le regardeur de 90°. Cet angle permet à la fois de respecter la vision proposée par le peintre et de constater de l’incidence lumineuse sur la touche en relief. Dans cet esprit, le vase — bien que réalisé en volume — a ses flancs cernés de marron donnant l’illusion d’une platitude ; de même, le dos de la pièce est laissé brut afin de renforcer le sens de lecture. Pour cette raison, j’affirme avoir créé avant tout une peinture monumentale adoptant des atours sculpturaux pouvant s’apparenter, par certains aspects, au bas-relief.
Vernissage samedi 13 juillet | 12 h
Médiathèque Petit Piquey
Informations pratiques
« Détournement pictural »
Exposition personnelle
13 juillet → 21 septembre 2024
Exposition
Médiathèque Petit Piquey – Lège-Cap Ferret
Mardi, mercredi, vendredi, samedi | 10 h – 18 h
→ Présentation d’une sélection de 20 œuvres réalisées entre 2008 et 2023, sculptures, peintures et mobilier design
Œuvre en plein air
Avenue du Général de Gaulle – Claouey | 24/7
→ Présentation de la peinture sculpturale monumentale « Vincent, Willy et moi » achevée en 2023
Vernissage
Samedi 13 juillet, 12 h | Médiathèque Petit Piquey
* Les élections législatives ont chamboulé le calendrier, l’ouverture de l’exposition initialement prévue le 5 juillet se fera le 13 juillet.